L’immeuble haussmannien

Le baron Haussmann a transformé Paris. Vous allez comprendre pourquoi et comment.

1- Un rappel historique

Georges Eugène Haussmann (1809-1891), préfet de la Seine, baron du second Empire sous Napoléon III a dirigé les travaux visant à moderniser, uniformiser et élargir Paris.

Les motivations de cette transformation étaient diverses. En 1er lieu, il fallait assainir la Capitale qui était un « grand corps malade« : elle subissait régulièrement différentes épidémies effrayantes (le choléra, la dysenterie…).

Ensuite, la ville a toujours été un centre culturel et artistique important qui a accumulé des joyaux (théâtres, hôtels particuliers, palais…) qui se sont juxtaposés sans mise en scène, sans cohérence générale.

Par ailleurs, la topographie de la ville correspondait au royaume des Misérables aux façades lépreuses, aux ruelles obscures, étroites, anguleuses entraînant un désordre permanent dissuadant les services municipaux d’intervenir. Paris n’était donc pas préparée au monde moderne et à la révolution industrielle qui se profilait.

Enfin, le vieux centre de Paris inaccessible favorisait les mouvements insurrectionnels. Certains historiens ont estimé qu’Haussmann avait souhaité créer des grandes avenues rectilignes afin de laisser passer la cavalerie et de permettre de tirer au canon sur la foule.

Les travaux dirigés par Haussmann en chiffres: 80 000 ouvriers ont détruit 18 000 maisons, ont construit 40 000 immeubles (soit 60% des immeubles parisiens actuels), ont creusé presque 600 km d’égouts, ont percé 64 km de voies nouvelles, ont planté 80 000 arbres.

En dix-sept ans ans, des boulevards et des avenues ont été percés à partir de places nouvellement créées, la place de la république, la place du Trône (actuelle place de la Nation), la place de l’Étoile. Les Champs-Élysées ont été restructurés.

Des parcs ont été aménagés : le bois de Boulogne, le bois de Vincennes. Ont été créés ex nihilo le parc Montsouris et le parc des Buttes-Chaumont. 80 squares sont apparus.

Ont été construits de nouvelles églises telles que Saint-Augustin ou la Trinité, des théâtres (théâtre de la Ville et théâtre du Châtelet), l’opéra Garnier (Palais Garnier), deux gares (gare de Lyon et gare de l’Est), les abattoirs de la Villette.

Ont été créés un réseau moderne d’évacuation des eaux sales et un nouveau système d’alimentation en eau potable. Et la distribution du gaz a aussi été améliorée.

Paris a été élargie avec l’absorption totale d’onze communes limitrophes de Paris telles que BellevilleGrenelleVaugirardLa Villette. D’autres communes ont été absorbée en grande partie telles qu’AuteuilPassyBatignolles-MonceauBercyLa ChapelleCharonneMontmartre. Paris est ainsi passé de 12 à 20 arrondissements.

2- Le style haussmannien

Il se révèle tout d’abord par la façade de l’immeuble.

Le cahier des charges imposé par Haussmann stipulait que « toutes les maisons auront des façades en pierre de taille, avec balcons, corniches et moulures …de manière à faire un ensemble architectural complet ».

Il a donc codifié, voire rigidifié, le décor architectural. Toutefois, les promoteurs pour réaliser des économies d’échelle construisirent quantité d’îlots sur un modèle unique d’immeuble (même gabarit, ordonnance identique, menuiseries quasi industrielles…). Cette monotonie relève donc plus de la recherche effrénée du profit que de la volonté préfectorale.

Une autre contrainte du cahier des charges était la hauteur de l’immeuble qui devait être proportionnelle à la largeur de la rue, sans pouvoir dépasser 6 étages.

La façade d’un immeuble haussmannien est construite en pierre de taille qui impose élégance et noblesse, les toits sont mansardés – c’est-à-dire brisés avec deux pentes, l’une très forte et l’autre qui l’est moins.

Haussmann ayant l’obsession de la ligne droite, le « culte de l’axe », les façades des immeubles haussmannien suivent des lignes horizontales fortes se poursuivant souvent d’un immeuble à l’autre. Les balcons, les corniches sont parfaitement alignés sans retraits ni saillies importantes.

Un immeuble haussmannien se compose généralement de la manière suivante :

  • Tout d’abord, le rez-de-chaussée (avec un mur à bossage) pouvait accueillir un commerce avec un premier étage – appelé « entresol » – pour le logement ou le stockage des marchandises. Toutefois, dans les immeubles plus prestigieux, les commerces n’existaient pas.
  • Le deuxième étage était l’étage « noble », avec un balcon généralement filant (c’est-à-dire s’étirant sur toute la longueur de la façade), avec des encadrements de fenêtres plus travaillés. L’ascenseur n’existant pas encore, cet étage était donc prisé.
  • Le troisième et quatrième étages plus sobres étaient moins décorés.
  • Le cinquième étage avait un balcon filant par souci d’esthétique pour harmoniser l’apparence des façades.
  • Le dernier étage servait de combles (à 45 degrés) ou était composé de chambres de service utilisé par le personnel de maison.

Cette architecture répondait à des codes stricts d’urbanisme et respectait une certaine hiérarchie sociale. L’ascenseur n’existant pas encore, les décorations extérieures (encadrements de fenêtres notamment) étaient de plus en plus sobres à partir du 3ème étage.

Avec l’arrivée de l’ascenseur, les étages élevés ont pris plus de valeur, d’autant plus s’ils offrent de splendides vues sur les toits de Paris.

L’agencement et la décoration intérieure d’un appartement haussmannien sont spécifiques :

  • L’appartement typiquement haussmannien propose une enfilade de pièces nobles principales donnant sur rue (une circulation sans couloir) à l’image de ce qui existait dans les châteaux et les hôtels particuliers ;
  • A l’arrière de l’appartement, se trouvent, donnant sur la cour, les services, les couloirs, les vestibules, les cuisines généralement desservie par un escalier de service ;
  • La hauteur sous plafond est entre 2,60 mètres et 3,20 mètres (pour le 2ème étage) ;
  • Figurent des moulures au plafond, au mur, sur les portes ;
  • Les cheminées sont généralement monumentales ;
  • Le parquet est en Point de Hongrie  (dit aussi en chevron).

Si vous souhaitez avoir plus de renseignements ou me contacter pour un éventuel projet, n’hésitez pas à remplir le formulaire de contact : ici

Sources :

  • Haussmann, Georges Eugène, préfet-baron de la Seine – Nicolas Chaudun – Actes Sud
  • Mémoires du Baron Haussmann – Grands travaux de Paris – Guy Durier Editeur
  • https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Eugène_Haussmann
  • Paris – Comment Haussmann a transformé Paris – Yves Billon – DVD – Zaradoc films

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